Publié le 29 nov. 2019 à 11h15 Par Les Echos
Pour « éviter des dommages disproportionnés pour les patients », la revue Prescrire a mis à jour sa liste noire des médicaments « plus dangereux qu'utiles ». Parmi ces 92 traitements à éviter, des produits contre le mal de gorge et la toux et le Ginkgo biloba, utilisé pour les troubles cognitifs.
Cancérologie, cardiologie, dermatologie, gastro-entérologie… Dans toutes les spécialités médicales, on prescrit parfois des médicaments plus dangereux qu'utiles. Pour la huitième année consécutive, la revue Prescrire a fait le tri et a publié jeudi un bilan des médicaments à éviter selon elle, en raison des risques sanitaires « disproportionnés » qu'ils font courir aux patients.
La liste 2020 recense 105 médicaments (dont 92 commercialisés en France), à ne pas utiliser, à défaut de les voir retirer du marché. Douze médicaments ont été ajoutés par rapport à l'an dernier. La liste, établie sur la base des analyses publiées dans la revue de 2010 à 2019, est régulièrement actualisée, certains médicaments étant retirés, d'autres ajoutés.
Le Ginkgo biloba
Le Tanakan est un médicament générique sous forme de comprimé à base de Ginkgo biloba, prescrit lorsque les troubles cognitifs déclinent avec l'âge. D'après Prescrire, ces comprimés comportent un risque d'hémorragies, de troubles digestifs, de convulsions…
La revue relève en outre que le Ginkgo biloba est par ailleurs utilisé combiné à d'autres molécules, sous le nom de Ginkor fort, dans l'insuffisance veineuse (jambes lourdes, douleurs…), « sans plus d'efficacité ».
Les sirops pour la toux
Déjà pointés du doigt pour leur inefficacité par le magazine « 60 millions de consommateurs », les sirops pour la toux peuvent aussi s'avérer dangereux. Clarix toux sèche pour enfant et Vicks sirop pectoral 0,15 % pour adulte, à base de pentoxyvérine, figurent parmi la nouvelle liste de Prescrire. La pentoxyvérine « expose à des troubles cardiaques » et « à des réactions allergiques graves », souligne la revue indépendante.
Les argiles, type Smecta
La contamination par du plomb des argiles médicamenteuses utilisées dans divers troubles intestinaux, dont les diarrhées, « justifie de les écarter des soins », poursuit la revue en égrenant leurs noms : l'attapulgite (Actapulgite, ou en association dans Gastropulgite), la diosmectite (Smecta ou son générique).
S'y ajoutent le Rennieliquo, le Bedelix à base de monmectite, présente aussi dans le Gelox, ainsi que le kaolin que contiennent Gastropax et Neutroses.
Maxilase pour les maux de gorge
L'alpha-amylase, une enzyme utilisée dans les médicaments « Maxilase maux de gorge », est également mise à l'index. L'Agence du médicament a récemment demandé que ce traitement soit retiré de la vente en accès libre en pharmacie car il peut engendrer des réactions allergiques parfois graves, voire mortelles. Un décès a été reporté en France en 2017.
Un corticoïde en pulvérisation buccale, le tixocortol (présent avec la chlorhexidine dans le Thiovalone et ses équivalents) pour le mal de gorge bénin est également à l'origine de réactions allergiques.
« Pas forcément de futurs Mediator »
Les médicaments visés dans cette liste sont des « causes de mortalité, d'hospitalisations ou d'effets nocifs graves ou très gênants, largement évitables », assure la revue.
Ce « ne sont pas forcément de futurs 'Mediator', au centre de scandales et de procès impliquant notamment une firme et l'agence du médicament. Surtout si tous les acteurs de santé réagissent à temps », ajoute la revue.
https://www.prescrire.org/Fr/202/1834/55640/0/PositionDetails.aspx
Comments